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Les scandales de blanchiment d'argent comme le blanchisserie de la Troïka et la Danske Bank ont mis au premier plan la question de la transparence financière en matière de la propriété effective ultime (UBO). Alors que le FATF s'est concentré presque exclusivement sur le rôle des personnes morales, avec sa publication des Meilleures pratiques en matière de propriété effective pour les personnes moralesplus récemment, il a également pris position contre le rôle des sociétés écrans dans la dissimulation de la propriété effective.

Les récentes conclusions de l'indice de Bâle sur AML , basées sur les données du FATF , révèlent que les régulateurs et les autorités chargées de l'application de la loi ne disposent pas, dans une large mesure, d'informations sur les structures de propriété. Il est donc difficile de réglementer le blanchiment d'argent et d'autres délits financiers. Le scandale de la Danske Bank, qui continue de se dérouler plusieurs années après sa première révélation, est un parfait exemple de la manière dont le manque d'informations sur les bénéficiaires entrave l'application de la loi.

Le cadre de 2014 du FATFsur la propriété effective a jeté les bases de la transparence financière.

Les recommandations du recommandations 2014 du FATF constituent un jalon dans les orientations en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, car elles mettent en avant la nécessité d'une transparence en matière de propriété. Le document mentionne ce qui constitue un bénéficiaire effectif (PO) et définit des mécanismes efficaces pour s'attaquer au problème de la propriété effective et à son rôle dans le blanchiment de capitaux.

Le FATF a également recommandé une approche à plusieurs volets, dont beaucoup sont aujourd'hui adoptés par divers régulateurs.

Nous examinons quelques-unes des législations qui abordent la question de la propriété effective.

La loi américaine sur la transparence des entreprises (CTA) 2019 liée à la propriété effective

Ce22 octobre, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté la loi de 2019 sur la transparence des entreprises, qui exige que chaque personne qui forme une entité juridique aux États-Unis divulgue les bénéficiaires effectifs au FinCEN. Les exigences minimales de divulgation sont mentionnées dans le projet de loi, à déposer chaque année avec toute mise à jour de sa liste de BO. La CTA définit la notion de "bénéficiaire effectif" dans le projet de loi et prévoit des sanctions civiles et pénales en cas de non-divulgation délibérée ou de tromperie.

Cela permettra d'éviter l'utilisation abusive de sociétés écrans à des fins de blanchiment d'argent et contribuera en outre à la création d'une base de données nationale pour le respect de la loi sur le secret bancaire (Bank Secrecy Act).

UBO

L'Union européenne (UE) fixe la date limite du 22 novembre pour le dépôt des informations sur les bénéficiaires effectifs.

Les sociétés des pays membres de l'UE constituées au plus tard le 22 juin 2019 ont jusqu'au 22 novembre 2019 pour divulguer les informations relatives aux bénéficiaires effectifs auprès du RBO (Registrar of Beneficial Ownership of Companies and Industrial & Provident Societies). Les entités constituées après le 22 juin 2019 disposent quant à elles de cinq mois à compter de la date de leur constitution pour le faire.

Ceci est prévu par la quatrième directive anti-blanchiment (4AMLD) destinée à lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. La 4e directive anti-blanchiment impose aux États membres de l'UE de mettre en place des registres des bénéficiaires effectifs ultimes (UBO) des personnes morales. La date limite du 26 juin 2017 a été définitivement et irrévocablement reportée au 22 novembre 2019.

L'Inde introduit un changement de paradigme dans le droit des sociétés pour assurer la transparence des bénéficiaires effectifs

Confronté à une série de scandales de blanchiment d'argent se chiffrant en milliards de dollars, le gouvernement indien a adopté certaines des recommandations du FATF pour lutter contre l'utilisation abusive de sociétés à plusieurs niveaux à des fins de blanchiment d'argent et d'autres activités illégales. Il a modifié son cadre réglementaire en apportant des modifications aux articles 89 et 90 de la loi sur les sociétés de 2013.

Une définition des "intérêts bénéficiaires" a été insérée et les exigences en matière de divulgation et de dépôt pour les "bénéficiaires effectifs significatifs" ont été établies par la loi sur les sociétés (amendement) de 2017. En vertu des règles, les sociétés doivent divulguer leurs bénéficiaires effectifs et soumettre des informations personnelles dans le format prévu. Les règles sont entrées en vigueur le 13 juin 2018, les sociétés étant tenues de divulguer leur liste de BO dans les 90 jours suivant la date. Ces exigences strictes ont peut-être fait l'objet de critiques sévères, mais elles s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour mettre un terme à des décennies de corruption, de délits d'initiés, de crimes fiscaux et de financement du terrorisme.

Ultimate Beneficial Owner (UBO) (Bénéficiaire effectif ultime)

Les îles Caïmans participent à la lutte du FATF contre le blanchiment d'argent en exigeant la tenue d'un registre BO.

Le centre financier des îles Caïmans n'est pas membre du FATF. Malgré cela, elle s'est jointe aux efforts déployés au niveau mondial pour lutter contre la menace du ML/TF le mois dernier, en rendant obligatoire la fourniture d'informations sur les bénéficiaires effectifs par les sociétés constituées dans les îles Caïmans. Il est prévu de créer un registre des propriétaires et de le mettre à la disposition du public d'ici à 2023.

Les Émirats arabes unis se joignent à la lutte mondiale contre le ML/TF en adoptant la réglementation UBO.

Le Centre financier international de Dubaï (DIFC) Centre financier international de Dubaï (DIFC) a publié le 12 novembre 2018 la déclaration des règlements UBO, par laquelle les entités actuellement enregistrées auprès du DIFC sont tenues de tenir un registre des UBO et de s'y conformer d'ici le 12 février 2019. La sanction en cas de non-conformité est une amende pouvant aller jusqu'à 25 000 dollars américains ou une disqualification potentielle du registre du DIFC.

Contrairement à l'Union européenne, qui exige que le registre des organismes de placement collectif soit rendu public, les Émirats arabes unis tiennent à protéger l'identité des organismes de placement collectif. Les coordonnées des organismes de placement collectif enregistrés dans le DIFC ne seront pas stockées dans une base de données centrale, mais dans une chambre forte secrète à laquelle on accède par des clés privées.

Il est intéressant de noter que, bien que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) soit un membre à part entière du FATF, les différents pays membres du CCG, dont les Émirats arabes unis, n'en sont pas membres. Les Émirats arabes unis n'ont adopté une loi anti-blanchiment qu'à la fin de l'année 2018 et, par la suite, ils n'ont cessé d'évaluer et d'améliorer leurs obligations en matière de AMLCTF AML.

Le Pérou adopte des lois sur la déclaration des bénéficiaires effectifs

À la lumière des milliards d'argent sale qui transitent par les plus grandes banques péruviennes, l'autorité de régulation financière du Pérou a pris une mesure considérable pour accroître la transparence de la propriété en définissant les bénéficiaires effectifs comme les personnes qui détiennent ne serait-ce que 10 % du capital d'une entité. Cette obligation s'étend également aux fonds, aux fonds d'investissement, aux fiducies, aux trusts et aux coentreprises avec des Péruviens. Depuis le 2 août 2018, il est obligatoire pour les personnes morales d'identifier et de déclarer leurs UBO ultimes à l'UIF-Pérou.